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Archive for the ‘Voyage’ Category

Crédit Photo : Isabelle Rozenbaum

 

C’est le jour de la parution officielle de « Vietnam Exquis, une cuisine entre Ciel et Terre », et j’ai envie de partager avec vous l’histoire de cette photo qui figure en couverture du livre, en hommage à ma tante qui me manque en ce jour si particulier.

A deux jours de mon retour à Paris, ma tante et moi avions décidé de passer la journée ensemble. Elle m’avait emmenée dès le réveil déguster des petites galettes de riz accompagnées de haricots mungo et de nuoc-mam (banh beo), dans le restaurant où sa mère l’emmenait lorsqu’elle était enfant.

Notre « travail » était terminé. Je n’étais plus dans la quête. Tous ces jours passés ensemble avaient développé une grande tendresse entre nous, d’autant plus émouvante qu’elle était en retenue, sans mots ni gestes.

Le cercle qui figure en arrière-plan est un symbole du Vietnam, il représente le tambour de bronze du Vietnam. Ce tambour qui servait à appeler la mousson. Gravé sur ce tambour, figure un oiseau, parfois appelé âme du Vietnam. Il fait le lien entre le Ciel et la Terre. Ma tante dit qu’on peut aussi l’appeler « oiseau de la joie ». C’est le premier motif qui émerge lorsqu’on observe le tambour de l’extérieur vers l’intérieur.

Nous sommes restées devant ce tambour un long moment au cours duquel ma tante m’a raconté le Vietnam, hier et ce qu’il est devenu.

J’étais heureuse et enfin en paix avec mon histoire.

Le tambour de pluie devenu soleil, l’oiseau du Vietnam qui navigue entre Ciel et Terre, la joie sereine qui émane de cette photo racontent la fin d’une quête.

Aujourd’hui démarre une nouvelle aventure.

Et je suis heureuse de la partager avec vous.

Merci à tous de me lire, me suivre, m’écrire…Merci.

http://www.vietnamexquis.com

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Dans une pagode à Saïgon, la doyenne de ma famille me raconte le passé. L’album qu’elle tient est un vestige du passé de ma famille au Vietnam. Je parcours ses pages collantes depuis que je suis enfant. Mes grands-parents y sont jeunes, ma mère, mes oncles et tantes y sont enfants. Ils sont dehors, derrière eux il y a de belles maisons, une belle lumière, de grands arbres, de belles voitures, ils sont beaux, sages, bien habillés. Et elle me raconte leurs vies. A ce moment du voyage, je suis apaisée, je sais qu’une nouvelle page va s’écrire.

Je suis partie au Vietnam il y a quelques temps, en quête de réponses. J’étais en quête d’identité, j’avais un bug d’auto-définition, je tenais en trop ou trop peu de mots, selon les jours, dans mon lexique personnel pour me décréter entière ou réelle.

J’ai commencé par chercher un fil à remonter pour reconstituer l’histoire. Un fil qui ne charrierait pas trop de tristesse, pas trop de silences, pas trop de souvenirs à oublier…un fil qui ne charrierait pas trop l’Histoire.

Et comme le veut l’adage « qui cherche trouve », ce fil s’est imposé à moi. Je remonterais le fil de mon histoire avec la cuisine vietnamienne et plus précisément avec la cuisine vietnamienne des femmes de ma famille.

Il y eut d’abord ce blog, puis les premiers ateliers culinaires qui m’ont permis de donner vie à ce fil, de le sortir des limbes de ma mémoire sensorielle.

Et par un matin froid du 1e jour de l’année du Tigre, la terre m’a appelée. Le hasard, mais les hasards existent-ils, a fait que ce matin-là, Isabelle Rozenbaum et moi avions rendez-vous pour prendre un café. Je vous résume (beaucoup) notre échange:

« – Isabelle, je sais que je vais partir au Vietnam avant la fin de l’année. Je ne sais pas encore quand, ni comment mais je sais que je vais partir.

– Je pars avec toi.

– OK  »

4 mois plus tard, les billets d’avion étaient réservés, et 8 mois plus tard nous décollions pour Saïgon.

Hier matin, dans ma boîte aux lettres, une enveloppe de carton. J’avoue avoir eu envie de filmer l’ouverture de cette enveloppe comme Apple a annoncé le Mac Book Air. Sur « New soul » de Yael Naim. Mais je ne sais pas filmer.

Le livre est là, devant moi. Enfin, dans l’enveloppe. De temps en temps je la touche pour me dire qu’il est vraiment là. Isabelle m’a appelée ce matin pour me dire qu’elle l’avait vu. Qu’il était superbe. C’est beaucoup d’émotion. C’est beaucoup de temps et de chemin parcouru. C’est beaucoup.

Alors j’ai attendu jusqu’au soir que les battements de mon coeur ralentissent un peu et que ma tribu m’entoure pour ouvrir l’enveloppe…

Je n’ai plus qu’une hâte, celle de partager ce livre avec vous. Vivement le 3 avril!

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Je le couve, je le couve depuis des années, des mois et des lunes…

Chaque jour, je me dis qu’il faut que je le lâche, que je le donne, que je lui rende vie…

Il est prévu pour le 3 avril prochain, et comme par superstition je n’ose pas en parler avant qu’il n’arrive. De peur qu’il attrape froid, qu’il ne grandisse pas, qu’il ne vive pas le bonheur que je lui souhaite…

Vous voyez, rien que d’en parler, là, je suis très émue.

Parce que, voyez-vous, ce livre…

…ce livre, est un cadeau que je fais avec l’espoir fou qu’il plaise et la peur incontrôlable qu’il n’y parvienne pas.

Il est mon histoire de descendante d’exilés, d’errance dans l’Histoire, d’amour avec mes origines.

Il est le fruit du hasard, de rencontres, de partages et de mon vécu.

Il est un chant à trois voix dans lequel se croisent et se répondent mon histoire, les photographies d’Isabelle Rozenbaum, et mes recettes de famille.

Il est la suite de mon voyage, qui continue.

Il se nomme « Vietnam exquis, Une cuisine entre Ciel et Terre ».

Il paraît le 3 avril prochain aux Editions de la Martinière.

Et je suis heureuse de vous en parler aujourd’hui. Je reviendrai très vite pour vous en dire davantage.

Quelle que soit la trajectoire de ce livre, je remercie déjà toutes les personnes qui viennent sur ce blog, celles qui sont venues à mes cours de cuisine, celles qui ont assisté aux évènements culinaires de « Linh aux platines ». Vos mots, vos encouragements, votre chaleur a rendu cette incroyable aventure possible.

Alors merci et à très bientôt!

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 Thai An Van Amersfoort // DESIGN &Qi Concept

Crédit image : Thai An Van Amersfoort // DESIGN &Qi Concept

Le saviez-vous?

Avant de se lancer au galop, le cheval évalue le terrain, trouve son équilibre, secoue sa crinière (non, ça c’est moi qui le dis), et s’élance. Lorsqu’au galop, il connaîtra deux moments magiques : le premier où il n’a plus qu’un sabot au sol pour donner l’élan ultime à tout son corps et le deuxième où les 4 sabots ne touchent plus le sol. Il vole!

Je ne sais pas pour vous, pour moi l’année du serpent s’est vraiment bien terminée mais en queue de serpent, c’est à dire avec des menaces de rechute du côté obscur de la force, avec des menaces de mauvaises surprises, des remises en cause de décisions pourtant actées…Et miraculeusement, tout s’est dénoué de manière encore plus heureuse que prévue. Comme dans Cendrillon. Le serpent est un farceur. Comme dans le Livre de la Jungle.

Cette année du cheval, je la regarde arriver avec circonspection. J’évalue le terrain. Je fais bien attention à mon essentiel : mes amours, mes amis, ma famille, les projets que je porte et que j’aime tant. Tout cela, c’est ma raison d’être.

Comme dans tout galop, il y aura des obstacles : les dévoreurs de temps et d’énergie, les imprévus de la Vie, les questions sans réponse, les prédateurs et les comptes dans le rouge …Comme dans tout galop, ils seront une opportunité de croissance, de changement de point de vue, de dépassement de peurs. Je ne les attends pas mais je sais qu’ils peuvent croiser ma route.

Comme dans tout galop, il y aura aussi des encouragements, de l’énergie et de l’amour en barre. Il y aura de belles rencontres, des témoignages d’amitié, d’amour, d’appréciation et de gratitude. Je ne les attends pas mais je sais qu’ils peuvent croiser ma route.

Comme dans tout galop, il y aura le risque de se perdre, de poser de lourds points d’interrogations. Comme ceux que je vois parfois dans les yeux de personnes que je rencontre. Leur GPS se met à bugger. Elles n’arrivent pas à me situer, je coche quelques cases de leur grille, puis soudain pas les autres :  « le GPS recalcule la destination ». J’espère que le GPS continuera de calculer la destination car je n’en ai pas, j’ai juste un chemin et je l’invente à peu près chaque jour.

Le saviez-vous?

Le Cheval n’est pas un prédateur et dispose pour se défendre de deux atouts : la vitesse et sa tribu. Le cheval sauvage est au paroxysme du danger lorsqu’il s’éloigne seul pour aller se désaltérer. Se désaltérer ce n’est pas qu’étancher sa soif. C’est aussi se poser, laisser passer le poids de la journée, baisser la garde. Le cheval nous enseigne qu’il vaut mieux baisser la garde en compagnie de sa tribu. C’est plus désaltérant.

Alors pour clore mon ouverture de l’année du cheval, je partage la recette que je fais à ma tribu lorsque les moyens du bord sont légers et que la faim est grande. Elle est végétarienne. Cheval oblige!

Du cheval j’aime la fougue, l’élégance, la liberté et la puissance. Puisse-t-il les partager avec nous cette année! J’espère que lorsque cette année sera passée, nous saurons voir le monde plus grand que nous ne le voyons déjà.

Je vous embrasse chers lectrices et lecteurs fidèles ou de passage!

Recette du riz rouge

Ingrédients (4 personnes) :

350 g de riz

1 boîte de concentré de tomates

1 oeuf

1 échalote

1 gousse d’ail

1 cuillère à soupe d’huile

1 cuillère à café de sucre

1 cuillère à café de sel

Recette 

Faire cuire le riz idéalement la veille pour qu’il refroidisse

Eplucher et écraser la gousse d’ail, éplucher et découper l’échalote en tranches dans le sens de la longueur

Dans un fait-tout à feu moyen, faire revenir l’ail et l’échalote dans l’huile

Lorsque l’ail commence à dorer, ajouter le concentré de tomates, le sel et le sucre

Ajouter le riz et mélanger le tout à la spatule jusqu’à homogénéité de la couleur

Battre l’oeuf dans un bol et le verser dans la préparation

Mélanger jusqu’à ce que l’oeuf ait entièrement cuit.

Servir.

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« On ne te demande pas ce qu’on t’a fait On te demande ce que tu as fait De ce qu’on t’a fait » – L’existentialisme est un humanisme – IMG_3584-1 J’ai récemment eu la chance d’écouter le récit de vie de quelques femmes qui m’ont pendant quelques heures soustraite à la mienne en partageant leurs aventures, leurs promesses, leurs espoirs et leurs combats. Elles ont raconté leur chemin parfois de croix, les évidences qui se sont imposées convictions, et les choix de vie qu’elles n’auraient peut-être pas fait, si… Si le Piper de Dorine Bourneton ne s’était écrasé au dessus du triangle maudit un matin de 1991, si Audrey Chenu avait trouvé très tôt « du sens à sa soif de connaissances », si les élèves de Sarah Sauquet ne refusaient pas de recevoir sa passion pour la littérature classique, si Marie Bonnet n’avait pas rencontré Clara atteinte d’un profond psycho-traumatisme, si Audrey Neveu n’avait pas eu le sentiment de perdre du temps, si le sentiment d’urgence n’avait rattrapé Claire Cano, et si Capucine Trochet avait pu faire sa « mini » en voilier comme prévu…la suite des histoires je vous laisse les découvrir sur http://www.tedxchampselyseeswomen.com. Celles de Dorine Bourneton et Audrey Chenu m’ont donné des ailes. Alors j’ai repensé à toutes les personnes que j’ai croisées ces dernières années et à celles qui me sont proches. Que seraient nos vies aujourd’hui si… Et me vient une liste de faits qui ne peuvent être vécus que tragiquement et que je n’aurais envie de lire que chez les auteurs grecs…les cassures d’amour, de rêves, de croyances, d’espoir, d’envie et parfois de vie commencent à faire partie du paysage lorsqu’arrive l’âge où ça demande de la « force de penser que le plus beau reste à venir ». Et je ne m’exclus pas dans ces faits. Peu importe les cassures, mais elles rappellent que la vie est un combat, qu’il faut apprendre à nos enfants à se battre dans tous les sens du terme. Elles rappellent aussi qu’on est seuls, malgré ceux qui nous aiment et voudraient tant nous aider. Elles rappellent enfin qu’après la pluie, le beau temps parce que « this too shall pass ». Et ces cassures ne s’effacent pas, ne s’oublient pas et ne s’ignorent pas. Elles font de nous des êtres fêlés, des traverseurs de désert, des alchimistes de la vie. « La sublimation, c’est transformer l’expérience en objet partageable » – Marie Bonnet. Et la lumière autour de moi, je la vois aujourd’hui dans des entreprises qui se créent, des voyages qui prennent corps, des amours qui renaissent, des défis héroïques qui se concrétisent, des actes de générosité désintéressée, des livres qui s’écrivent, des peurs qui se surmontent. Mais elle est aussi dans le quotidien transformé, où la joie fait durablement son campement. « J’avais plus à perdre en perdant mes jambes qu’en perdant ma joie » – Dorine Bourneton Et hier, en écoutant ces femmes qui tutoient l’océan, le ciel et le vide spirituel alors qu’ un peu ou tout de leur être est cassé, de les voir si lumineuses, rayonnantes, vivantes et battantes, je me suis souvenue que oui, « heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière ». Heureuses les fêlées car elles laissent entrer la vie.

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Lumière!

« There is a lamp inside us

The oil of that lamp is our breathing,

our steps, and our peaceful smile.

Our practice is to light up the lamp. »

Thich Nhat Hanh

Alors laissons entrer le soleil!

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Believe it or not but sticking my nose in the herb refrigerator on this hot and moisty day instantly took me from Paris to Saigon !

Go figure…

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 » Depuis toujours, cuisine et musique sont les plus fidèles miroirs des sociétés qui les enfantent, au point de souvent en refléter les mêmes caractéristiques. 

Tant de points communs ainsi entre les tambours et les plats à l’huile de palme de Salvador de bahia, aux mêmes racines africaines, entre la sensualité mystique du reggae et celle de la cuisine « ital » jamaïcaine, entre la mosaïque afro-euro-caraïbo-amérindienne des musiques et des spécialités culinaires de la Nouvelle Orléans…. »

« Bande Originale », Pierre Gagnaire & Chilly Gonzales

Crédit Photo : Isabelle Rozenbaum
Saïgon, 06h33
Grand Prix du Festival de la Photographie Culinaire 2011

« Linh aux platines » le 22 juin chez Bulma en quelques mots et plein de bonnes raisons de venir :

« Linh aux platines » : je cuisine juste pour vous une recette familiale.

Bulma Paris

Banh mi

Frais : parce que les ingrédients sont frais

Equilibré : parce que du poisson, des légumes, des herbes et du pain c’est équilibré

Savoureux : pour la palette de saveurs

Joyeux : pour les couleurs, l’équipe, le concept

Sympa : pour l’accueil

Coloré : de l’assiette au plafond

Créatif : des recettes originales

Inspirant : plein d’idées pour adapter, créer, revisiter les sandwichs qu’on va emmener sur la route/ à la plage/ à la montagne/ dans le train cet été

Nourrissant : parce que toute la gamme de couleurs et de saveurs des banh mi envoie au cerveau des messages de plénitude

Généreux : dans la qualité, les quantités, l’intention

Audacieux : parce que Frederik me laisse les platines!!

Musical : fête de la musique+1 et la musique continue à l’intérieur

Estival : 1er jour de l’été+1

Le RV :

Le 22 juin à partir de 12h

Le lieu :

www.bulmaparis.fr

17, rue des petites écuries

75010 Paris

Le menu :

Un Salmon banh mi : ma recette familiale de saumon mariné et rôti dans un banh mi

En plus, et pour les premiers arrivés, quelques gorgées d’un bouillon de pho, une de mes spécialités, dans lequel j’aurai mis toute mon attention et ma meilleure intention. Rien que ça!

Un jeu (l’enjeu : un banh mi pour vous)

J’ai l’humeur joueuse et j’ai très envie de vous voir nombreux.

Alors voilà, sont mes invités les 5  lecteurs qui m’auront le plus émue / touchée / coulée à travers une vraie belle histoire entre eux et leur cuisine de famille avec, ce serait bien, une recette à la clé. Ou bien une histoire vraie et belle entre eux et la cuisine du Vietnam. Une histoire dans l’esprit Baguettes et Traditions!

Pour partager votre histoire avec moi, vous pouvez écrire à l’adresse suivante :

Baguettestradition@gmail.com

J’attends vos histoires et espère vous voir nombreux le 22!

Et pendant ce temps, le saumon marine…

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Comfort food :

Urban Dictionary :

1 – Nourriture apportant un confort émotionnel à celui qui la mange, nourriture de l’enfance ou liée à une personne, un endroit, un moment perçu comme positif.

2 – Nourriture réconfortante pour le palais et pour tous les autres sens

Webster (Equivalent du Littré américain) :

Nourriture préparée de manière traditionnelle ayant un attrait nostalgique ou sentimental

C’était un jeudi ordinaire de décembre, que j’avais occupé à remuer ciel et terre pour retrouver le tombeau de mon arrière grand-père. « C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup ». Un tombeau, c’est la preuve de l’existence d’une histoire sur une terre.

L’aléatoire avait été le thème de ma journée. J’avais pris la route à 5h du matin avec pour seul guide un morceau de papier déchiré sur lequel j’avais griffonné avec une orthographe approximative deux informations que mon oncle m’avait données en m’appelant en pleine nuit des Etats-Unis : une adresse et un nom. Je m’étais rendormie anxieuse car il m’avait précisé que « cela faisait plus de 15 ans qu’il n’avait pas eu de nouvelles de ce cousin éloigné et que si je ne le trouvais pas là, il n’y avait pas d’autres pistes pour retrouver le tombeau ».

Pendant les 2 heures de route qui ont relié Can Tho à Long-Xuyen, la ville d’origine de mon grand-père, je serrais mon papier, silencieuse et entièrement tendue vers ce seul but. Je m’accrochais aux ponts, aux arbres qui défilaient sur la route pour chasser le doute. J’imagine que c’est la même anxiété qui étreint le chasseur de trésor qui sait que le temps est compté.

Puis j’ai trouvé l’adresse. Puis j’ai trouvé le cousin éloigné. Qui m’a emmenée au fin fond d’une forêt devenue jungle avec le temps, où reposait mon arrière grand-père.

Un simple mais imposant tombeau de pierre avec son nom gravé dessus, le même nom que celui de mon grand-père, une partie du mien.

Au milieu de cette jungle, entièrement silencieuse, moite et déserte, j’ai laissé pousser quelques racines sous mes pieds en allumant trois bâtons d’encens.

Une éternité s’est écoulée. Un morceau de mon histoire s’est recollé. J’étais venue chercher ce morceau manquant. Je me sentais infiniment protégée et bénie de l’avoir trouvé.

Pour la petite histoire, j’ai en réalité un prénom composé. Assez rare au Vietnam. Je ne l’ai d’ailleurs jamais croisé. Sauf ce jour là, sur une devanture, avoisinant le portail de l’endroit où repose mon arrière grand-père. L’alignement était parfait.

Dans la voiture qui me ramenait au centre de la ville, un vide immense s’est emparé de moi. D’aphasique, je suis devenue apathique, vidée de toute forme d’énergie. Mais j’étais heureuse. Et j’avais envie de fêter cela.

Nous étions en plein après-midi. Les marchés déployaient une ombre bienvenue et nombre d’échoppes avaient été vidées de leur contenu. J’avais envie de manger ce moment historique, de lui donner une dimension gustative.

Et ce fut ce plat, un bún cá (bun pour vermicelles, ca pour poisson, simple), plat traditionnel du Mekong, parfait pour l’occasion. Il s’agit d’un poisson du Mékong mariné au safran et au galanga, servi dans un bouillon parfumé et accompagné de vermicelles de riz, et du soja, des herbes, des herbes, et encore des herbes. Les couleurs, les saveurs, la texture doucement élastique du poisson couplée à la douceur du bouillon et le fondant des vermicelles, le parfum des herbes, le craquant du soja,  m’ont envoyée pour quelques belles minutes au paradis. Il n’était plus si perdu le paradis dont ils m’ont tant parlé.

Dans la recette (pour environ 4 personnes), 4 composantes : le poisson, le bouillon, les vermicelles et le reste

Le poisson

400g de lotte

2 pincées de Safran

1 morceau de galanga (5 cm)

1 c à c de sel, sucre, poivre, nuoc mam

1 c à s d’huile

Emincer le galanga

Mélanger tous les ingrédients

Laisser mariner de 1h à 24h

Avant de servir, faire revenir les morceaux de lotte à la poele

Le bouillon

1 carcasse / ailes / os de poulet

2 L d’eau

1 c à s de sucre, sel, nuoc mam

1 c à s de crevettes séchées

1 oignon, 1 carotte, 1/2 navet Daikon

Porter le tout à ébullition

Ecumer

Laisser mijoter à feu doux entre 2h et 6h selon votre disponibilité

Les vermicelles de riz

Les faire bouillir dans de l’eau avec 1 c à s de vinaigre blanc pendant 5 minutes

Egoutter et rincer

Le reste

Soja, herbes de votre choix, nuoc mam pur mélangé à de l’ail et du piment

Le service

Dans un bol, disposer les vermicelles

Plonger le poisson dans le bouillon puis le disposer dans le bol

Rajouter le soja, les herbes et la sauce nuoc mam en fonction de l’envie

….Comfort food : nourriture qui détient le pouvoir de me ramener vers une partie heureuse de moi.

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J’aime que le festival de la photographie culinaire parle de street food cette année.

A Saigon, j’ai trouvé la cuisine de rue à la fois moderne et traditionnelle, vivante et séculaire, audacieuse et décomplexée. Comme un lien organique, elle crée un passage subreptice entre les différents moments de la journée, entre les couches de la société, entre les particularités culinaires régionales, entre mon histoire d’hier et d’aujourd’hui.

Elle est une association du beau, du simple et du bon qui incite à la contempler. Il est possible de passer une journée entière sur le même banc pour y assister au ballet des vendeurs de street food et de leurs clients. Il y a une dimension enchanteresse à assister à l’arrivée des vendeurs, à observer la manière dont ils s’approprient l’espace avec quelques tabourets de plastique, à découvrir l’ingéniosité qu’ils ont mise dans l’ergonomie de leur cargaison, le feu qui s’allume et apporte un supplément de vie, et enfin le vendeur qui s’installe face à sa marchandise, la contemple, l’arrange, la prépare à partir vers des corps en demande remplir sa double mission de nourrir et faire plaisir. J’aime la faim que cette cuisine crée en moi, une faim permanente, gourmande, multiple et décousue que je ne cherche pas forcément à assouvir. Je me nourris par les yeux, par les odeurs et le plaisir magique de la voir vivre.

Le ballet des clients est tout aussi captivant. Chez un même vendeur, se croisent des ouvriers en tongs, des femmes en tailleurs Armani, des white collars en bande, des touristes curieux et des familles nombreuses. Le plus surprenant étant que les vendeurs et leurs clients semblent avoir RV. Le bout de trottoir jusque là désert devient la scène d’un va-et-vient qui ne cesse que lorsque tout a été vendu.

Lorsque j’étais enfant et que ma grand-mère parvenait à vider ses casseroles dans nos assiettes elle disait d’un air amusé et satisfait  » Et voilà, quelle chance, j’ai tout vendu! ». Ainsi parlent les vendeurs de rue, m’offrant à leur insu un lien direct vers elle.

Cette photo prise à Saigon par Isabelle Rozenbaum raconte une histoire de joyeux compagnonnage entre collègues heureux de partager un moment de répit avant de redescendre  dans le dédale des sous-sols saigonnais. Au menu, riz blanc, viande grillée et concombre. Dans les sachets au centre de la photo, un sachet de sauce à base de saumure de poisson. « Pour les vitamines et les acides aminés ».

 

 

 

Crédit photo : Isabelle Rozenbaum

Crédit photo : Isabelle Rozenbaum

Je tiens à remercier chaleureusement Isabelle pour avoir mis le Vietnam à l’honneur à l’occasion de ce festival. J’y retrouve, au-delà des souvenirs émus de notre voyage, une sensibilité et une lumière dont la douceur fait écho à mes perceptions.

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